Z is dead

(un an exactement après son début, cette série termine son parcours sur le web)

photo © Daniel Steger for openphoto.net CC:Attribution-ShareAlike

Tracer un Z c’est comme tracer un N qui aurait effectué une rotation perpendiculaire et anti-horlogère. Ecrire un Z c’est partir en flèche, repartir sur ses pas et à peine revenu à hauteur de son point de départ, repartir comme un cavalier au galop qui surgit hors de lanuit pour signer son nom à la pointe de son épée. Ecrire un Z c’est décrire le parcours des yeux sur une page : commencer en haut à gauche et finir en bas à droite.

Prononcer un Z c’est beaucoup plus compliqué qu’un zézaiement.

Les mots du Z sont tout à la fin du dictionnaire, comme le Zimbabwe et la Zambie ils ferment la marche dans le défilé des jeux olympiques de l’alphabet, juste avant le pays organisateur, juste avant les pages qui résument la grammaire ou celles qui sont roses et couvertes de citations latines dans lesquelles il y a fort peu de Z.

Dans le Littré, on ne trouve même pas cinq pages consacrées aux mots qui commencent par cette lettre. Pour l’anecdote, le dernier mot de ce dictionnaire est l’onomatopée « zzz ».

Les mots du Z sont exotiques. Ils tremblent quand on leur demande leur papier et ils zappent la proposition, par pure superstition, quand la zélée personne derrière le comptoir d’une agence de voyages leur propose un vol en charter.

Ce sont des zélotes zazous à zébrures, tantôt froids comme le zéphyr, tantôt chauds comme la zibeline, qui font glisser leur zipper en zirconium, qui tentent des zeugmas acrobatiques et atterrissent au pied d’une ziggourat, bouquet de zinnias en main.

Lecteur, lectrice, je te le demande pour la dernière fois, as-tu un mot en « Z » qui te plaise. (surprenez-moi…)

(Image basée sur une photo de sous licence creative commons http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5/deed.fr photo © Daniel Steger for openphoto.net CC:Attribution-ShareAlike)

Va te faire voir chez les Y

Il n’y a n’a même pas deux pages pour le « y » dans le Littré. Le i-grec (*) est-il réellement une lettre ?

Ecrire un i-grec c’est tracer un i, qui finit comme les colonnes doriques, c’est décrire la trajectoire d’une fusée qui part du sol, qui explose en deux morceaux qui poursuivent chacun leurs trajectoires dans des directions opposées, comme des frères ennemis.

i-grec - YMCA

Le i-grec reste, avec le T, la lettre la plus facile à tracer avec son corps…

Prononcer un i-grec, c’est très généralement la même chose que prononcer un « i », même si on dit « droit comme un i » et qu’on ne dit jamais « grec comme un i ».

Les mots du Y sont rares donc mais chic : il y a parmi eux le yankee qui yodele sur son yacht. Cabine d’à côté, le yéti parfumé au ylang-ylang, sur le pont supérieur un yuppie fait son yoga.

Les mots du Y sont rares parce qu’ils viennent de loin : une lettre avec un nom aussi étranger ne peut que servir d’enseigne à des mots qui ont passé la couverture du dictionnaire en douce et qui se sont planqués dans les pages du fond en espérant éviter le charter du retour. Ils ont intérêt à avoir leur étymologie en ordre…

Pour la 25ème et avant-dernière fois: y a -t- il un mot du i-grec qui aie tes faveurs plus qu’un autre, lecteur, lectrice ?

Suite et fin de l’abécédaire : le 31 janvier, un an exactement après le début de la saga…

(*) Paris-Match a bien commis, à l’époque, « Iti » pour parler de « E.T. », je peux me permettre un « i-grec ».

Je V vous dire

L'origine du V

Pas étonnant que cette lettre soit l’initiale des vivats, de la victoire… Tracer un V c’est partir de l’Olympe, connaître le doute, la gravité, la pente qui glisse, et dans le second acte redresse la situation et terminer par un feu d’artifice qui s’envole vers l’infini de la voie lactée.

Cette lettre a eu son fan-club pendant la seconde guerre mondiale. Le président du club était un monsieur Churchill qui ne manquait jamais une occasion de montrer l’exemple.

Victory

Attention, dans certains pays de type anglo-saxons le même geste que monsieur Churchill mais avec la paume de la main vers soi risque de déclencher vindicte et vomito negro.

Prononcer cette consonne fricative labio-dentale voisée, c’est poser les dents du dessus sur la lèvre du dessous, faire vibrer ses cordes vocales et laisser faire la nature.

Les mots du V sont vaillants : ils n’ont pas peur de faire la vaisselle, d’aller voter en vélo. Ils vibrent pour des victuailles voluptueuses, ils vagabondent de valériane en valhalla, ils font valser les vaguemestres avec les vanity-cases,ils apportent de la variété dans un monde de vaurien,ils se font verbe, ils se font vénérer,sous un vernis vitreux. C’est voulu, ils volent d’un volcan vorace en volières vides pour cause de chanson de Pierre Perret.

Mis à part « Vagin » (les monologues du), suggéré subtilement par cette lettrine, veux-tu partager avec une volée de commentaires quel mot en V te fait voler, lecteur, lectrice, mon semblable, mon frère ?