Comme une image

Le moment est venu de citer en liminaire de ce post la phrase préférée des parents sévères, des nurses anglaises certifiées et des prestataires sado-maso tarifés:

Qui aime bien châtie bien.

Monsieur Bacri, Mademoiselle Jaoui veuillez tendre vos petits doigts sans trembler, et plus vite que ça !

Certes, Comme une image, votre dernière livraison cinématographique est admirablement bien torchée. Les petites phrases font mouche. Les personnages sont si justes qu’on a par moment l’impression de voir un documentaire intitulé « Je suis Parisien, je râle et alors ? » filmé en 35mm. Les acteurs connus et moins connus sont remarquablement bien choisis. Ils enfilent leurs personnages respectifs comme un costume sur mesure de Savile Row. Chacun peut se reconnaître dans votre portrait des petites lâchetés et des petites mesquineries humaines.

C’est le moment de ce genre de texte où arrive le « Mais… »

Mais… J’ai l’impression qu’en faisant cette-fois ci des râleries (du personnage) de monsieur Bacri un élément moteur de la narration, vous ratez une marche. Le prestidigitateur a trop bu, ses mains tremblent un peu et on le voit cacher la carte dans sa main gauche. L’illusion est dissipée. On voit le double fond du chapeau claque dans lequel se cachent lapins et colombe.

Là, comment dirais-je… Cette mauvaise humeur n’est pas contagieuse que sur le plat de l’écran. Comme la rose pourpre du Caire, elle envahit aussi la salle. Ce mélange typiquement « soixante-quinze » de mauvaise humeur et de mauvaise foi se propage en moi.

Vous rouvrez en moi les vannes d’un sentiment hostile au parisianisme bête et méchant. J’hésite entre murer les accès du quai Thalys de la gare du Midi et remplir un de ces trains avec des bacs de zizi coincoin, des disques du Grand Jojo, des t-shirts des Snuls. J’ai envie de me lancer dans l’exportation de notre plus grande spécialité nationale : l’auto-dérision. Cher monsieur Bacri, chère mademoiselle Jaoui, je ne sais pas qui de vos personnages ou de vous en a le plus grand besoin.

P.S. Profession: Editeur; Prénom : Edith. Oui, le jeu de mot à un centime d’ancien franc belge s’est vu…

ça empire (ou pas ?)

empire
Bush ? Kerry ? Le suspense va durer encore un mois. Dans un mois, des gens que je ne connais pas vont voter et du résultat de ce vote dépend la qualité de l’air que je vais respirer, le prix de l’essence que je vais mettre dans ma Twingo et une bonne partie de ce que vont raconter les journalistes dans les médias qui m’abreuvent.

Quand Rome changeait d’empereur, est-ce que la vie quotidienne changeait en Gaule ? Si les Etats-Unis sont un empire, quand est-ce que les barbares vont déferler sur la capitale ?

Je sens que je vais relire Paul Kennedy.