Le savoir-vivre chez les truands (Albert Simonin)

Note de lecture n°1

(à quoi bon fréquenter les bibliothèques communales, nouer des contacts à base d’amende de retard avec le personnel de bibliothèque, à quoi bon jouer les habitués chez Filigranes ou Libris si tu n’en profites pas, public chéri mon amour. Pour le cinéma, les DVDs, le théaâââtre et les autres formes de manifestations culturelles, on verra quand on verra. Pour les émissions de télé, ça menace d’arriver assez vite)

Titre : « Le savoir-vivre chez les truands »

Auteur : Albert Simonin

Numéro ISBN : 2-86959-743-6 (éditions Arléa)

1) Couverture : Est-ce qu’il s’agit de la couverture standard de la collection ou bien est-ce que l’éditeur a dégagé un budget pour acheter une photo? (10 points)

simonin

Le moment dans la scène de la cuisine des Tontons Flingueurs où Maître Folace (Francis Blanche) s’écrie « Touche pas au grisbi, salope !« . Difficile de faire mieux sauf en produisant une photo fraîche. (9/10)

2) Test de la quatrième de couverture : sauf quand il est mort c’est l’auteur qui l’écrit lui-même. Jusqu’où va -t- il dans la modestie ou dans la je-me-le-pète ? (10 points)

Une citation qui résume le propos du bouquin, visiblement rédigée post-mortem par quelqu’un qui n’est pas l’auteur. (7/10)

3) Test de la page 100 : L’auteur sait que sa première phrase sera la première pharse. Mais impossible pour lui de savoir ce qu’il y aura à la page 100 de l’édition normale, de l’édition en poches. D’où l’intérêt d’ouvrir un livre arbitrairement à cette page-là. Le test : est-ce qu’il y a une phrase mémorable, bien torchée, intéressante à la page 100. (10 points)

« Quelques formations britanniques viennent de démontrer outre-Manche la valeur du commando au cours de braquages fastueux dont il est difficile de croire qu’ils puissent désormais être surpassés sur le plan de l’exploit« . (5/10)

4) Test de la première phrase : Est-ce qu’elle donne envie de lire la deuxième ou est-ce qu’elle donne envie de reposer le bouquin sur l’étagère, voire d’y mettre le feu discrètement ? (10 points)

« Se fringuer n’est pas se saper » Voulant méditer cet aphorisme de Charles L’Elegant qui, plus de vongt berges durant, donna le ton à des générations de barbiquets au point qu’on le nommat le Brummel du Mitan, le lecteur d’extraction cavillonne devra le traduire par : « Se vêtir n’est pas s’habiller« .

Le ton est donné : un savoureux mélange de français professoral et d’argot criminel de l’après-guerre. (8/10)

5) Test de la dernière phrase : L’excipit est-il réussi ? Est-ce que la clef du thriller est révélée dans cette dernière phrase ? Est-ce qu’elle est m »morable, soignée, etc. (10 points)

« En cette circonstance donc, plus qu’en toute autre, truands, et ce sera notre ultime conseil, NE PARLEZ PAS SUR LES COUPS ; nous vous balançons là une recette de longue vie. »

Bof. (4/10)

6) Test Pêle-mêle : quelle est la probabilité que ce bouquin se retrouve dans une caisse en direction d’un magasin de seconde main ? (10 points)

Peu élevée. Pour la bonne et simple raison que… (10/10)

7) Test du chevet : quelle est la probabilité que ce bouquin se retrouve en rotation dans ceux que je (re)lis avant de m’endormir ? (10 points)

… ce bouquin est en rotation dans mes bouquins de chevet. (10/10)

8) Impression générale : (30 points)

La langue n’a pas de milieu : elle passe du pontifiant professoral pompeux et empesé (oui, c’est une allitération) aux mots d’argots truculents (marloupins, maison j’tarcqpince, enfouraillés, etc.) On retrouve l’univers des films en noir et blanc avec Jean Gabin, on se dit que Michel Audiard n’a pas tiré tous ses dialogues de son petit doigt. Un regret : la forme n’est, par définition, pas narrative. (18/30)

Maximum possible : 100 points

Score : un fort honorable 71/100

L'oreille en coin

Tout a commencé par un tremblement de plancher d’amplitude 0.357 sur l’échelle de Richter à l’étage au-dessus.

Le couple néerlandophone du premier est devenu une famille. La petite famille a émigré avec fiston et bagages au-delà du canal, vers les mythiques Terres Bruxelloises Pas Chères. Elles existent. Ils les ont vus. Entre deux baux, il faut choisir d’oindre les murs de peinture s’est dit le propriétaire du bien immobilier où j’ai logis et domicile. Conséquence : j’ai un bourdon électrique de 3 mètres de haut qui me rugit à des moments aléatoires dans les tympans.

– « Et bien moi aussi, je peux faire du bruit » m’exclamai-je in petto, me révoltai-je en mon for inétrieur. Illico presto, me voilà nanti d’une installation à regarder les DVDs de la bonne manière…

En
Cinq.
Point.
Un.
Voire mieux.

Quand le frigo de Requiem for a Dream fait des trucs à l’arrière gauche du personnage auquel je suis prié de m’identifier, le haut-parleur gauche arrière prend seul la parole et me fait sursauter.

Et là, à force d’utiliser mes oreilles plus que mes yeux pour suivre les films et séries qui me tombent sous le lecteur, je redécouvre que j’ai des oreilles, que la musique est pour moi une langue étrangère, que je ne sais pas exactement ce que j’aime mais que sais assez précisément ce que je n’aime pas.

Dernier étage de la fusée : acquérir un casque pour écouter sérieusement de la musique et pour pouvoir mettre le nez dans le guidon de l’écriture, comme pour pondre ce post par exemple.

Armé d’instruments de compétition, je vais pouvoir, tel Stanley à la recherche des sources du Nil, me faufiler dans les sous-bois de la nouvelle chanson française, dans la jungle urbaine du hip-hop (ou pas), dans les cuirs et les cuivres du classique, dans les cordes de guitares des chevelus, dans les touches de clavier des garçons-coiffeurs de la pop et décider par moi-même ce que j’aime, sans que la Star Ac’ 6 ne m’y aide…