(un an exactement après son début, cette série termine son parcours sur le web)
Tracer un Z c’est comme tracer un N qui aurait effectué une rotation perpendiculaire et anti-horlogère. Ecrire un Z c’est partir en flèche, repartir sur ses pas et à peine revenu à hauteur de son point de départ, repartir comme un cavalier au galop qui surgit hors de lanuit pour signer son nom à la pointe de son épée. Ecrire un Z c’est décrire le parcours des yeux sur une page : commencer en haut à gauche et finir en bas à droite.
Prononcer un Z c’est beaucoup plus compliqué qu’un zézaiement.
Les mots du Z sont tout à la fin du dictionnaire, comme le Zimbabwe et la Zambie ils ferment la marche dans le défilé des jeux olympiques de l’alphabet, juste avant le pays organisateur, juste avant les pages qui résument la grammaire ou celles qui sont roses et couvertes de citations latines dans lesquelles il y a fort peu de Z.
Dans le Littré, on ne trouve même pas cinq pages consacrées aux mots qui commencent par cette lettre. Pour l’anecdote, le dernier mot de ce dictionnaire est l’onomatopée « zzz ».
Les mots du Z sont exotiques. Ils tremblent quand on leur demande leur papier et ils zappent la proposition, par pure superstition, quand la zélée personne derrière le comptoir d’une agence de voyages leur propose un vol en charter.
Ce sont des zélotes zazous à zébrures, tantôt froids comme le zéphyr, tantôt chauds comme la zibeline, qui font glisser leur zipper en zirconium, qui tentent des zeugmas acrobatiques et atterrissent au pied d’une ziggourat, bouquet de zinnias en main.
Lecteur, lectrice, je te le demande pour la dernière fois, as-tu un mot en « Z » qui te plaise. (surprenez-moi…)
(Image basée sur une photo de sous licence creative commons http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5/deed.fr photo © Daniel Steger for openphoto.net CC:Attribution-ShareAlike)