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Le problème : une chaîne de télévision publique veut mettre une émission politique à une heure de grande écoute. Le premier numéro ne suscite pas les réactions espérées.

Le pitch : « dans notre émission, les hommes politiques laisseront la langue de bois dans la forêt et répondront à la question qu’on leur pose ».

Le plan A : l’émission est en direct. Un présentateur de JT joue les maîtres de cérémonie et en face, trois journalistes posent des questions. Quand l’homme politique s’égare, il est rappelé à l’ordre « vous n’avez pas répondu à la question ».

Le plan B : l’émission est enregistrée. Les journalistes sont moins sous pression. L’homme politique peut répondre en langue de bois autant de fois qu’il veut, c’est la prise dans laquelle il répondra vraiment à la question qui sera gardée.

Et rien n’empêche de prendre les séquences enregistrées en sandwich entre deux tranches de direct, saupoudrées de graine de sésame et de mails/SMS/question-webcam des téléspectateurs.

Comment rendre Bart De Wever (presque) sympathique

La réaction d’un homme politique quand un journaliste lui pose une question devant les caméras est de prendre la parole, pas forcément de répondre à la question. En ce sens, l’initiative de la RTBF est plutôt une bonne idée. L’émission d’hier soir ressemblait plus à un numéro zéro qu’à une version définitive :

– François De Brigode a fait du zèle pour obtenir de Bart De Wever qu’il réponde à la question. C’était le pitch de l’émission et il l’a pris (trop ?) à coeur. A mon sens, il aurait été plus efficace de la jouer gant de velours, sourire pepsodent et boomerang qui revient inlassablement, avec un sourire et la question jusqu’à avoir une réponse.

– Les reportages qui lançaient chaque séquence hésitaient entre les productions de Karl Zéro pour Nulle Part Ailleurs circa 1993, un édito en vidéo et le sujet de JT pur et dur. Je ne vois pas quel était l’intérêt d’en rajouter dans les gimmicks de réalisation pour souligner le propos. La RTBf nous prend pour les spectateurs du Fabuleux destin d’Amélie Poulain ou quoi ? Ces reportages nous prenaient plus pour des boutonneux émoustillés par un peu de mauvaise foi que pour des adultes.

Le fait de confier des questions au public est une bonne idée : s’ils posent une question qui fâchent, le porte-parole pourra mettre leur numéro de GSM en quarantaine aussi longtemps qu’il voudra, pour, par exemple, un boucher à Waremme, ça ne va pas nuire à sa vie de tous les jours. Par contre quand un journaliste politique n’arrive plus à avoir accès à un homme politique…

Et Bart De Wever dans tout ça ?

Un monolithe. Peu de mouvements des mains et des bras, rien qui puisse distraire du propos. Je me suis glissé quelques minutes à un endroit où je pouvais voir si, à l’abri des caméras, ses pieds et ses jambes trahissait une certaine nervosité : nada. Il a donné l’impression d’être aussi facile à faire déraper qu’une locomotive. Certain de son point de vue, cohérent dans sa logique, maladroit dans son humour.

Tout ça m’a presque fait penser à…

Bref, comme la twitto-blogosphère, j’attends la prochaine avec impatience pour voir si les reportages parleront à un public adolescent ou à des adultes et à quels points les fleurets seront mouchetés quand l’invité sera, par exemple, un des présidents de parti francophones.