Ce soir j’attends Hamon à la Madeleine

meeting Hamon à Bruxelles

La file franco-belge pour assister au meeting de Benoit Hamon s’étire de la chapelle de la Madeleine à la salle de la Madeleine. Tout près de la porte qui tarde à s’ouvrir, un esprit s’échauffe « le mec de la sécu, on dirait un type du FN ». À Paris, ce genre de colère ne surprend pas, à Bruxelles il est exotique.

La file se déverse enfin dans la Madeleine. Dominique a mis un gilet bleu marine sur sa marinière. À 54 ans, pour cette Belge, c’est un premier meeting politique. Elle est venue par curiosité. Oana, 32 ans, a la double nationalité française et roumaine. Elle travaille pour un député européen roumain. Alphonse, 21 ans, a emmené Patrick, son père, au meeting. Il est belge et là par intérêt pour la politique européenne.

Pour tromper l’attente, le chauffeur de salle remercie « le maire de Bruxelles » pour son hospitalité. Il alterne les messages sur les « plusieurs milliers de spectateurs » présents et les promesses de commencer dans « quelques toutes petites minutes ». Les 640 personnes assises, les 250 debout au fond de la salle et les 400 qui sont rassemblés au You voisin pour suivre le meeting sur un écran géant applaudissent en retour.

Pour tromper l’attente, la sono diffuse Bella Ciao. Venue de Paris, la jolie Marie a mis une robe noire pour assister au meeting et ses 25 ans au service de Benoit Hamon. Plus tôt dans la journée, elle a préparé la salle. Un peu comme son candidat, la batterie de son smartphone perd de la puissance.

Jean-Paul a 60 ans, une barbe poivre et sel et des convictions socialistes profondément ancrées. Pour lui Benoit Hamon est un homme d’État comme on en manque ici. Il est belge et ses convictions ne vont pas jusqu’à soutenir « la pègre socialiste ». Il désigne du menton les trois premiers rangs, où il faut un bracelet jaune pour prétendre à un siège.

La lumière disparait. Les orateurs prennent la scène. Le discours de Thomas Piketty s’égare du côté de la conférence de 1953 sur l’annulation de la dette des états. Il faut le mot « multinationales » pour réveiller le public.

En compagnie d’Elio Di Rupo, sa vedette américaine, Benoit Hamon fait son entrée. Les drapeaux et pancartes fournis par l’organisation sortent de l’ombre.

Benoit Hamon étrangle un sanglot en évoquant la mémoire d’Henri Emmanuelli. Il embraie sur un discours de 80 minutes. Un lapsus nous livre le fond de sa pensée : « le candidat heu… la candidate de l’extrême droite… ». Il obtient des huées en évoquant la clause « Tartuffe ». Quelqu’un quelque part retranscrit le discours en direct pour qu’il s’affiche sur les écrans géants des deux côtés de la scène. Quand le candidat improvise, vite la petite main efface, revient en arrière et tape ce qui a été dit.

La Marseillaise n’est pas tout à fait la fin de la soirée. Benoit Hamon emprunte le passage secret qui relie la Madeleine au You pour une visite aux spectateurs de l’écran géant. Sans caméras et très vite sans micro, il donne rendez-vous le 7 mai au soir ou le 8 au matin.
Les spectateurs sortent de la salle avec sous le bras les pancartes Hamon 2017 en guise de trophée. Le Hashtag Hamon 2017, en mousse poids plume et repeint en vert, est resté sur scène.

Spirit – Depeche Mode – Track list commentée

Tu veux écouter Spirit, l’album 2017 Depeche Mode la veille de la sortie ? J’ai répondu comme un seul homme et la main innocente m’a montré du doigt.

L’écoute avait lieu dans un temple séculaire du tchac boum de qualité entre survivants de la période Millet/Chevignon/Dockside vêtus de leurs plus beaux habits noirs voire de leurs plus beaux tatouages.

Dans l’ordre, ça a donné :

  1. Going Backwards : on commence par « aller à l’envers » donc. Les paroles évoquent un retour à l’âge des cavernes et proclament « we feel nothing inside ». Hochement de tête approbatif sur le rythme.
  2. Tel un militant trotskyste distrait qui sort du métro Bastille mais pas le jour dit, Depeche Mode demande « Where’s the revolution ? » (tu l’as déjà entendu)
  3. Worst crime : plus intime, plus calme. Pourrait presque passer dans un bar d’hôtel. Branché, l’hotel, hein. Un morceau qui sera très bien pour le moment briquet/écran de smartphone du concert.
  4. Scum : la vérité m’oblige à écrire qu’un couple s’est roulé une pelle sur ce morceau pourtant pas intrinsèquement romantique.
  5. You move : « I like the way you move tonight ». Toujours jeune dans sa tête, Depeche Mode emploie des paroles de teenagers. Je prédis de bien jolies images sur les écrans géants au moment du refrain.
  6. Tel le G.I. qui bondit hors de la tranchée vers un ennemi communiste, djihadiste voire les deux, Depeche Mode implore « Cover me ». Clavier pensif et insistant. Down tempo incantatoire. J’ai vu une brune en pantalon de cuir se déhancher.
  7. Eternal : Avec un titre pareil, on s’attendait presque à ce que le clavier soit joué sur un harmonium d’église hesbignonne. Le chant chouine, il n’est pas content, il réclame quelque chose.
  8. Poison Heart. Est-ce qu’un Cupidon empoisonneur dirige la Poison Arrow d’ABC vers ce Poison Heart ? On a quand même bien un peu envie de fredonner les Ho Ho Ho.
  9. So Much Love est trépidant, carillonnant et claironnant. Ce sera peut-être le moment nounours, bouquets de fleurs et sous-vêtements féminins lancés sur scène du concert. Ce morceau s’arrête sans préve
  10. Poor Man : Spéciale dédicace à tous les précaires de ce bas monde qui n’auront pas le budget pour investir dans un ticket pour le concert. « He’s on the street/Lying in the snow / Begging for something. (…) ». Mention spéciale pour le clavier qui bourdonne.
  11. No More. No more… Y en a plus ? Presque plus. Avec « This is the last time » est-ce que ça sera la dernière chanson avant le premier rappel ? « Reach the top / Slowly fade away / You don’t mean a thing to me anymore » ça cest du rateau classe.
  12. Fail est pleurnichard et glougloutant. On prend congé de l’album en prenant son temps.

En résumé : bel effort mais pas de réinvention complète. Un excellent album pour les vendeurs de hi-fi haut de gamme qui veulent faire écouter des basses qui ne bavent pas.

Tu n’as pas lu ce post pour rien : le premier qui laisse un commentaire (et qui peut venir chercher son gros lot à Bruxelles) recevra le contenu du goodie bag. Le single Where’s the revolution, une affiche A3 et un QR code avec peut-être une place pour le 7 mai à Amsterdam.



Zéro Nonante

Le téléphone sonne. Le téléphone fixe, celui avec « What would Harry Pearce Say ? » scotché sur le cornet, sonne. L’écran bleu affiche le numéro appelant : un mystérieux 0033. Tu décroches. C’est l’assistante d’un astrologue. Il s’est penché sur ton cas. Il a des nouvelles importantes à t’annoncer. Elles concernent tes finances et tes sentiments, deux zones aussi sinistrées l’une que l’autre. L’assistante te donne un numéro à rappeler : « zéro nonante… ». La suite commence par quarante. Tiens, arrangé autrement, ça fait 0904. Dans son centre d’appel, l’assistante te promet que, pour tes beaux yeux, la surtaxe disparaitra.

Mouais.

Oui mais non.

Tu vas plutôt écrire un petit post sur ton blog. Les lecteurs du blog sont trop malins et pas assez crédules pour tomber dans le panneau téléphonique mais autour d’eux, sait-on jamais…