Dans la catégorie 14 février pourri, je demande : Teddy Roosevelt

Aucun 14 février ne parviendra à être aussi pourri que celui de Teddy Roosevelt, millésime 1884.

12 février. Teddy est au taf, à l’usine, au fond de la mine de sel, il pousse un projet de loi, à Albany, capitale politique de l’état de New York. Il est comme ça Teddy, il a envie de réformer la société. Un télégramme vient jeter une euphorie aigre/douce. Alice, sa femme, a accouché de Alice, sa fille, le 12 février. Autant Alice, sa fille, se porte bien, autant Alice, sa femme, n’est pas resplendissante de santé. Teddy décide qu’un peu d’absentéisme parlementaire s’impose.

Au matin du 14, Teddy est à New York en train de réconforter sa femme du mieux qu’il peut quand la domesticité lui apprend que sa mère est à la fois au rez-de-chaussée, au plus mal et aux prises avec une fièvre typhoïde. Il se précipite et arrive à temps pour voir sa maman pousser son dernier soupir.

La douleur le fait errer au rez-de-chaussée, il souffre, il chancèle, il aperçoit un escalier, se demande dans quel état est sa femme. Il monte voir. Il arrive à temps : sa bien-aimée Alice est elle aussi, câlin ou pas, serment d’amour ou pas, aux portes du voyage sans retour. Elle décède sobrement.

Teddy ouvre le carnet qui lui sert de journal intime et écrit :

Donc, mon gros lapin, mon petit canard en sucre, ton absence de bien-aimé·e, ton/ta bien-aimé·e qui promet tout les trois mois de divorcer, l’érosion lente de ce qui te lie à ton/ta bien-aimé·e : ça peut être pénible, surtout quand les parfumeurs/bijoutiers/fleuristes/restaurateurs te tendent les menus pour deux spécial «quand on aime on ne compte pas» mais… aucun 14 février ne pourra être pire que celui de Teddy Roosevelt, millésime 1884.