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Carène

15. 10. 05.

Neuf ans et un mois après être entré à la Maison du Porte-Plume pour y acquérir, à la sueur de mes économies, un Mont-Blanc Meisterstück 4810, machine à érire et à pedigree tatoué sur son clip ring, je remets ça.

Dans l’intervalle qui sépare ces deux dates, je me suis mis récemment à recevoir des SMS qui parlent de mon génie littéraire, j’ai été lauréat de l’un ou l’autre concours d’écriture, j’ai scénarisé et mis en scène (merci encore, Franco…). Il y a deux mondiaux d’impro de ça, en croisant l’étoileur Jean Van Hamme qui descendait les marches de la Doudingue, j’a eu un cri du coeur. J’ai fait ma groupie du scénariste. J’ai exprimé à haute voix le voeu d’exercer sa profession moi aussi. Deux mondiaux d’impro plus tard, ce cri du coeur est de moins en moins naïf, de moins en moins présomptueux e de plus en plus prophétique.

Mais pour aplatir la balle entre les poteaux, pour prendre mon envol, une seule plume ne suffit pas. Tous les signes me poussent à nouveau vers le 6 du boulevard Adolphe Max. Après un flirt de comptoir avec la marque Pélikan, il est temps d’apercevoir le rebord de la réalité. Cette marque inflige une pression majeure à mon majeur droit. Il est temps d’écouter le sourire de la vendeuse et de monter à bord du modèle Carène de Waterman. Une ligne de off-shore taillée en soufflerie, une carosserie laquée grenat, faite pour traverser à dos d’hélice, la Baie de Naples, le lac de l’Amertume et la mer de la Médiocrité au nez et à la barbe des gabelous de la police du Style et rapporter en contrebande des cartouches de mon imaginaire sur la terre ferme et quadrillée 5 mm. Fermement accroché à son bastingage, je mets le cap vers de nouvelles aventures qui restent à écrire…

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  1. Les véritables écrivains sont, je pense, ceux qui écrivent avec leurs tripes, pour eux d’abord, et non pour plaire ou pour remporter du succès. Ce sont ceux qui doutent journellement de leur talent et non ceux qui s’en vantent. Il n’y a qu’à voir des gens comme A. Nothomb, ou d’autres, pour constater qu’il n’est pas difficile – lorsqu’on possède un peu de talent, un ego de taille imposante et que l’on est suffisamment convaincu de son génie littéraire – de parvenir à en convaincre d’autres (éditeurs ou lecteurs). Etre édité, gagner un concours,… tout cela permet il d’affirmer qu’on a du talent ? Il parait chaque année de plus en plus de livres. Certains sont de véritables « briques » et pourtant leur contenu est vide ; ou donnent une impression de « déja-lu ». L’important n’est pas la quantité, ni le style séducteur,… C’est d’être « touché » à un moment donné par quelque chose que l’on lit. On peut écrire pour le plaisir, on peut écrire pour survivre, on peut écrire pour partager,etc… et on peut aussi écrire pour la notoriété, pour le succès, et y parvenir un peu, mais est-on alors vraiment écrivain ?? Je te pose la question… Bises. Lo