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Le bonheur est un produit

…ou du moins il se vend. Et cher en plus. Mais que fait Test-Achats ?

Dans les programmes de développement personel, il y a à boire, il y a à manger, il y a à prendre et à laisser, il y a des démarches à la générosité sincère qui aident la personne et il y a les marchands de bonheur qui nous prennent pour des clients avant de nous prendre pour des personnes.

Il y a de cela quelques mercredis, au Chant d’Oiseau, une conférencière québécoise (ex-vendeuse, et allez savoir pourquoi on sent qu’elle n’a pas oublié son premier métier) avait planté son étal, installé ses produits dans la vitrine et je faisais partie des chalands échoués dans la salle pour la grand-m… heu… pour la conférence(200 personnes environ : sold-out).

Disclaimer (à quand une traduction française de ce mot ?) : il y a moyen d’assister à ce genre de conférences et d’en sortir en se sentant mieux. Il y a même moyen d’assister à une ou plusieurs de ces conférences et d’aller mieux. Mais à mon sens, ça ne serait pas loin d’être un accident heureux.

Mais.

Car il y a un « mais ».

Je suis relativement fier d’avoir entendu mon détecteur de bullshit qui braillait « ça pue l’arnaque » à travers les décibels du tir de barrage, des obtus rhétoriques péremptoires, du melting-pot teinté de new age, de la lecture des questions à Son Savoir sur un ton borderline dominical, des réponses de la dadame, aussi instantanées qu’un Royco Minut soup et à peu près aussi utiles : elles réchauffent mais ça ne dure pas des heures. Le clou du ridicule a été la séance de relaxation finale qui a eu lieu… en position assise et qui a duré 5 minutes. Ca ou rien…

Le fond de commerce, l’unique selling proposition de la dadame : être dans le listening de son body (*). Comme le reste de ce qu’elle raconte, ça ne peut pas faire de mal.

Et ça marche. Ca court même.

Ce que ce système vend le mieux c’est lui-même. Parce que je ne vois pas de meilleure explication au fait que des adeptes qui ont déboursé 5000 euros (cinq mille eurals, ce qui – pour rappel – en francs belges se serait écrit avec un deux et 5 zéros derrière…) pour deux cycles de formation se promènent fièrement avec « Phase 2 » en-dessous de leur nom sur un badge. La dernière fois que j’ai vu pareille fierté je fréquentais encore les chefs de patrouille et les sizeniers.

Quelques googlages plus tard (« LaConférencière +secte », ce genre de choses), je tombe sur ceci :

Mentionnez le nom de LaConférencière(*), devant Conrad Lecomte, et voyez ses cheveux se dresser sur sa tête. Psychologue et psychothérapeute, professeur titulaire au Département de psychologie de l’Université de Montréal, chercheur réputé, Conrad Lecomte s’intéresse depuis 30 ans à la formation et à la supervision des intervenants en santé mentale. D’emblée, il reconnaît le talent de communicatrice de LaConférencière. « Elle risque de donner aux gens l’espoir qu’il y a une recette, une solution connue, un antidote à des problèmes souvent complexes. Elle semble leur dire : “Restez avec moi, vous allez atteindre vos rêves.” Mais la base d’une démarche thérapeutique, c’est souvent de faire des deuils, d’arriver à se dire : “Je n’ai plus 30 ans, je rêvais de faire ceci ou cela…” » On doit transformer ses rêves, dit Conrad Lecomte, un processus qui passe par des renoncements.

Bref, si votre fournisseur de bonheur a l’air de vous servir un truc qui sent la fiente et que vous vous demandez si c’est bien de la fiente, c’est plus que probablement que ça en est.

Peut-être que le meilleur critère discernant pour savoir si l’on a affaire à un marchand de soupe ou à un honnête artisan de l’âme dont le salaire mérite travail est de lui demander s’il se dit plus souvent « je ne sais pas » que « je sais ».

(*) L’identité de la dadame est disponible sur demande mailée au bureau du bloggeur ou sur googlage, yahooage, altavistage, hotbotage, etc.(**).
(**)nudge nudge.

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