Une journée en 14 secondes

Hier, un peu après neuf heures, j’ai décidé d’être attentif à ce que j’étais en train de faire à chaque seconde qui débute une nouvelle heure pour la journée de ce mardi 29 avril 2008.

  • 10:00:00 Dans Bean, en train de faire File:Open Recent
  • 11:00:00 en train de jeter un mouchoir et de machouiller du côte d’or aux noisettes acheté alors qu’en fait, je voulais du côte d’or au lait…
  • 12:00:00 En train de taper “his”.
  • 13:00:00 En train de pisser tout en écoutant Ophélie Fontana parler de la rustine BHV. Chouette, dans trente minutes, c’est Chic sur Arte !
  • 14:00:00 La vérité, l’austère vérité, m’oblige à dire que j’étais en train de lire dans un vieux Courrier International, un article sur une nouvelliste des Pays-Bas au style lapidaire, assis sur de la porcelaine, le futal sur les chevilles.
  • 15:00:00 Au téléphone, en train d’attaquer le mystère des virements en francs suisses depuis la zone euro avec un demi succès.
  • 16:00:00 Dans Bean, en train de taper le mot “supplémentaire” et de me demander où trouver ce dentifrice qui fait de la pub chantante à la radio.
  • 17:00:00 Boulevard de la Woluwe, quelque mètres avant le croisement avec Hof Ten Berg, en route pour une réunion dont le début est fixé à 17h.
  • 18:00:00 assis dans un fauteuil, en train d’attendre l’arrivée des participants à la réunion
  • 19:00:00 En réunion, en train de fine-tuner la réforme institutionnelle d’une a.s.b.l.
  • 20:00:00 En train de manger la dernière tranche d’une Pirata de chez Arrivero tout en dissertant sur l’interrupteur qui coupe le réseau informatique et qui ressemble à un interrupteur pour allumer la lumière.
  • 21:00:00 En plein C.A. : la discussion sur le premier des quatre points à l’ordre du jour bat son plein
  • 22:00:00 J’ai le bras levé pour réclamer le droit de parole.
  • 23:00:00 Dans un fauteuil, en train de prononcer la phrase “et quand est-ce qu’on leur jette du riz ?”

Quelqu’un reprend le flambeau et raconte une de ses journées de la même manière ?

La véritable histoire du bleu Yves Klein (International Klein Blue)

Un beau matin, le toujours espiègle Yves Klein convoque presse et photographes : il a décidé de s’envoyer en l’air mais pas au sens métaphorique de l’expression. Il a vraiment décidé de prendre son envol sans casque ni protection, aussi longtemps que la gravité terrestre le lui permettra.

Avec une gravité certaine mais pas encore terrestre, donc, il atteint son point d’envol. La tour de contrôle lui donne le feu vert. Il n’allume pas son réacteur, il ne procède pas à une démonstration des procédures d’urgence (il y a des sorties de secours à l’avant et l’arrière de l’appareil).

Et donc il se lance dans le vide.

Si, si.

(impératrice)

La preuve :

le_saut_dans_le_vide.jpg

Une fois au sol, il examine son train d’atterrissage, légèrement tuméfié de ci de là. Trés intéressé par la couleur de ses ecchymoses, il demande à un photographe de mettre une pellicule couleur dans son appareil et d’immortaliser la couleur de son « bleu ».

ikb-bras.jpg

– Je peux juste demander pourquoi vous voulez que je prenne cette photo, monsieur Klein ?
– Ca ferait un chouette monochrome, je trouve. J’ai même envie de la breveter cette couleur, tiens…