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Un bloggeur au King Kong Paradise

le clap

Ca se passe en EXT. JOUR, dans un virage dans un quartier où passent des « seize » (des 4×4) qui consomment un baril (159 litres) au kilomètre or so it seems. Ca se passe dans un quartier où glissent silencieusement des coupés allemands couleur argent payés le prix d’une honnête unifamiliale en-dehors du ring, voitures qu’on ne saurait conduire sans les gants à trous-trous qui laissent les doigts nus aggriper l’ébène, la ronce de noyer ou le palissandre du volant. Ca se passe dans un quartier où on fait pipi sur la haie du Prince Alexandre (quand on est un garçon et qu’on appartient à l’équipe de tournage de King Kong Paradise, le film de Stefan Liberski).

On dit toujours l’équipe de tournage mais dans les faits il y en a plutôt deux : une qui est active pendant les prises de vue (actrice, chef opérateur, comédien, scripte,réalisateur etc.) et celle qui est active entre les prises (maquillage, costume, décor etc.) Les invisibles du cinéma sont bonhommes et conviviaux dans leurs rapports avec les personnes et méticuleux comme des ingénieurs de la NASA dans leur rapport avec le matériel. Le poil qui qui se glissera sur l’optique de la caméra n’a pas encore poussé.

la perche

Ce mardi matin, il y a sur le plateau un cascadeur qui croit au hasard. A force d’entendre les mots « Inch’Allah » et « aléatoire » dans sa bouche, je suis pris d’une envie de rituel de good luck. Faute de mieux, je mange quelques fraises tagada. La cascade se passe bien.

En fin de journée, toute l’équipe traverse un vortex invisible et atterrit en plein paradoxe. Sans dévoiler grand’chose d’autres que des détails : la comédienne saigne du nez et a les seins nus. C’est le scénario qui l’exige. Le paradoxe : l’actrice manifeste de la pudeur bien compréhensible vis à vis d’une grosse dizaine de personnes présentes en chair et en os mais, parce qu’elle est filmée, accepte de se montrer ainsi à des milliers, voire des millions de spectateurs. Qui n’auront pas eu comme moi la chance et le plaisir de goûter à l’hospitalité de cette équipe pendant une excellente journée.

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  1. La réponse à ton paradoxe de la pudeur: quand une actrice est nue à l’écran elle ne doit pas regarder cette bande de branleurs dans les yeux.
    Hmmm, la nudité sur un écran géant… Veuillez m’excuser pendant que je prends une douche froide (et une de mes pilules roses bien entendu, nudge nudge).

  2. je viens de lire 15 jours de vos dernières aventures quotidiennes (pléonasme ou oxymoron, à vous de voir), mais je m’arrête sur le tard sur ce message qui m’interpelle vis à vis de ma situation prof. en cela que j’ai commencé sur ce genre d’ambiance, enfin l’ambivalence technicien/auteur-acteur (et l’inverse fonctionne aussi, est ce clair?/gens de la beauté, et vous racontez ça avec une véracité terrible..C’est d’une crasse justesse… Nos ne travaillons pas sur le même tableau mais pour ce qui est de l’écriture… et ce qui est beau est juste. Bonne continuation.